Que s’est-il passé sur les marchés financiers cet été ?

Par BNP Paribas

Si vous étiez en congés pendant la première quinzaine d’août et que vous avez vraiment profité de vos vacances, vous avez retrouvé, en rentrant, les actions mondiales là où vous les aviez laissées fin juillet (+0,4 % pour l’indice MSCI AC World entre le 31 juillet et le 16 août). Vos collègues qui ont assuré la permanence et ont vécu un lundi noir le 5 août après le débouclement brutal des opérations de yen carry trades sont sans doute un peu moins détendus.  

Rebond impressionnant des actions

La semaine dernière, l’optimisme a prévalu grâce à la publication de données économiques aux Etats-Unis qui ont rassuré les investisseurs sur l’inflation mais surtout sur l’activité. Après avoir fortement baissé début août (-6,4 % à l’issue des trois premières séances du mois), les actions mondiales ont rapidement repris du terrain et ont progressé de 3,8 % la semaine passée et encore de 0,9 % lundi 19 août. Le rebond a été généralisé.

Aux Etats-Unis, la hausse hebdomadaire de l’indice S&P 500 est ressortie à 3,9 % (+0,6 % par rapport à fin juillet) et celle du Nasdaq Composite à 5,3 % (+0,2 % par rapport à fin juillet). Le reflux de la volatilité implicite a été spectaculaire.

Economie américaine : tout va bien ?

Depuis la publication du rapport sur l’emploi le 2 août qui avait ravivé les craintes de récession, l’attention des investisseurs s’est reportée sur les indicateurs d’activité. Pour la seconde semaine consécutive depuis la hausse inattendue du taux de chômage (de 4,1 % à 4,3 % en juillet, au plus haut depuis octobre 2021), les inscriptions à l’indemnisation chômage ont baissé (à 227 000 pour la semaine s’achevant le 10 août, au plus bas depuis début juillet), ce qui ne correspond pas à une situation conjoncturelle dégradée sur l’emploi où les entreprises procèderaient à des licenciements massifs.

Les premiers éléments sur la consommation en juillet ont rassuré : les ventes au détail en valeur ont dépassé les attentes pour le second mois consécutif (+1,0 % par rapport à juin où elles avaient baissé de 0,2 % seulement). Cette évolution correspond à une progression en volume de 1,1 % pour les ventes totales et de près de 0,5 % pour les composantes qui alimentent l’estimation des dépenses privées dans le PIB. Après leur progression de 2,3 % (annualisée) au 2e trimestre, la dynamique au début du 3e trimestre reste donc solide. Les bons résultats trimestriels du principal groupe de grande distribution publiés le même jour (jeudi 15) ont également rassuré, tout comme, la veille, la confiance des petites entreprises.

Enfin, les indices de prix à la production (mardi 13) et à la consommation (mercredi 14) sont venus confirmer le ralentissement de l’inflation. En glissement annuel, l’inflation totale est ressortie à 2,9 % et l’inflation sous-jacente à 3,2 %, toutes deux au plus bas depuis le printemps 2021. Même si les différentes mesures de l’inflation sont encore au-dessus de l’objectif de 2 %, il semble bien que la « parenthèse » inflationniste puisse désormais être refermée. Vendredi 16, l’estimation préliminaire de la confiance des ménages mesurée par l’Université du Michigan a fourni un bon résumé de cette semaine « idéale ». L’indice a dépassé les attentes en août (mais reste proche de son plus bas de l’année touché en juillet) et les anticipations d’inflation à 1 an et à 5 ans se sont stabilisées. La croissance résiste, l’inflation reflue.

Que pourrait nous dire la Réserve fédérale américaine ?

La prérentrée se fera cette année sous le signe des banques centrales avec la publication des comptes-rendus (Minutes) des réunions de politique monétaire de juillet de la Fed (mercredi 21) et de la BCE (jeudi 22) et la tenue du colloque de Jackson Hole (du 22 au 24 août). Le thème de ce rendez-vous annuel des banquiers centraux dans le Wyoming est “Reassessing the Effectiveness and Transmission of Monetary Policy”. Une réévaluation de l’efficacité et de la transmission de la politique monétaire s’inscrit parfaitement dans les débats qui animent en ce moment la communauté financière. Jerome Powell devrait prendre la parole vendredi 23 août pour présenter les perspectives économiques et donner des indications sur la prochaine décision (réunion du18 septembre). Le Président de la Fed restera sans doute évasif : il n’est pas question pour lui d’engager son comité de politique monétaire (FOMC – Federal Open Market Committee) mais il pourrait prolonger ses réflexions des dernières semaines.

En juillet, le communiqué officiel du FOMC a mentionné que « ces derniers mois, des progrès supplémentaires ont été accomplis vers l’objectif d’inflation de 2 % fixé par le Comité ». Lors de la conférence de presse, Jerome Powell avait souligné que « les chiffres de l’inflation du deuxième trimestre ont renforcé la confiance » que l’inflation se rapproche de 2 % et précisé que « de meilleures données renforceraient encore cette confiance ». Quelques jours plus tôt, devant le Congrès, il avait admis que le maintien d’une politique monétaire trop restrictive « pourrait affaiblir indûment l’activité économique et l’emploi ». Plus récemment, plusieurs membres du FOMC ont fait des déclarations laissant entendre qu’il était temps d’ajuster le niveau des taux directeurs.

Une baisse des taux directeurs en septembre paraît désormais acquise

Les marchés à terme reflétaient près de cinq baisses (de 25pb) début août. Ces attentes ont reflué et ce sont désormais 93pb de baisse qui sont anticipés, soit un peu moins de 4 baisses pour les trois réunions du FOMC prévues d’ici la fin de l’année. La probabilité d’une baisse de 50pb en septembre ne ressort plus qu’à 30 % environ alors que, début août, certains observateurs envisageaient même une baisse en urgence avant la réunion du FOMC).

Un des axes de communication de Jerome Powell à Jackson Hole pourrait être de convaincre qu’une baisse de 25pb serait plus appropriée dans le cadre d’une approche modérée face aux incertitudes qui demeurent comme l’a rappelé le Président de la Fed de Minneapolis dans une récente interview.

Les attentes concernant l’assouplissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne ont également reflué et font désormais ressortir deux à trois baisses d’ici la fin de l’année. Ces anticipations de part et d’autre de l’Atlantique expliquent aussi les variations du dollar. La parité EUR/USD est passée au-dessus de 1,10, à ses plus hauts de l’année.

Aux Etats-Unis comme dans la zone euro, une baisse des taux directeurs en septembre semble désormais acquise et les commentaires officiels les plus récents vont dans ce sens. La montée du risque géopolitique est, pour le moment, essentiellement reflétée par les nouveaux records établis par les cours de l’or, qui reposent aussi sur des facteurs fondamentaux. Ce risque reste susceptible, dans les prochains mois, d’alimenter la nervosité des investisseurs.